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- Les adversaires de la laïcité
lundi 1er janvier 2007 par Europe et Laïcité
La laïcité étant, par définition, un antidote à toutes les mises en condition des individus, des groupes et des sociétés. Il n’est pas surprenant qu’elle soit combattue, non par de simples croyants, mais par les professionnels du cléricalisme qui se prétendent détenteurs d’une vérité indiscutable.
Les religieux de toutes confessions, attachés à leurs habitudes de domination "spirituelle" et à leurs comportements contraignants, considèrent à juste titre que toute laïcisation s’effectue aux dépens de leur vocation à imposer partout une soumission culturelle, sociale et politique qu’ils estiment légitime de faire régner.
Certes, toutes les formes de religiosité ne sont pas anti-laïques, mais il est évident qu’en Europe, la hiérarchie catholique romaine, l’Église orthodoxe, le fondamentalisme judaïque et l’intégrisme islamique livrent des luttes acharnées contre l’éthique laïque et contre la laïcité institutionnelle.
Cette attitude n’est pas pour autant celle de tous les croyants culturellement originaires des confessions considérées, car dans toutes les nations européennes, on constate une accélération de la laïcisation des esprits et une sécularisation progressive de la vie sociétale.
Ces réalités rendent d’autant plus nécessaires les actions d’expansion des valeurs laïques en Europe et le refus de toute resacralisation, là où la laïcité s’est affirmée. D’où la création et le développement du Mouvement "Europe & Laïcité" et la nécessité de son expansion.
Si la laïcité est, comme vous dites, «
l'antidote de toutes les mises en condition des individus, des groupes et des sociétés», ne peut-on pas craindre une radicalisation de l'esprit laïque qui ne serait plus une ouverture d'esprit menant à la liberté de pensée, mais un nouvel absolutisme rejetant tout ce qui n'est pas lui ?
Un nouveau dogme en fait.
Il y a un apprentissage à la libre-pensée qui est progressif et ne s'achève qu'à la mort de l'individu. Cela nécessite l'apprentissage d'une tolérance relative et contextuelle qui ne peut être établie dans des règles imposées, mais dans une relation à l'autre basée sur le respect de ce qu'il est, et non sur un constat suspicieux de ce qu'il pourrait être.
Stigmatiser les religions au titre de leurs erreurs passées, ce serait un peu comme attribuer, aux allemands d'aujourd'hui, les méfaits des allemands d'hier.
La laïcité doit promouvoir un modus vivendi à minimum. En commençant par reconnaître, à tous, le statut d'appartenance à l'humanité, ce qui induit que la laïcité a plus vocation à réunir qu'à diviser.
On ne peut pas réunir en rejetant à priori, mais en proposant la rencontre aux franges libérales de tous les systèmes de pensée. Stigmatiser les religions, c'est rentrer dans le rapport de force que souhaitent les noyaux durs de celles-ci, et cela crée de facto un noyau dur de la laïcité qui est contraire à son ambition humaniste et universaliste. Imitant d'ailleurs dans cette ambition celle des religions qui comprenant que «
si l'esprit est ardent, la chair est faible» ont connu les dérives oppressives qui pourraient également être celles qui attendent la laïcité institutionnalisée.
Les noyaux durs s'excluent eux-même de la laïcité, c'est à dire des marges acceptables de la tolérance qu'induit la laïcité. Ils ne sont donc pas à combattre, mais à convaincre ou au pire à limiter dans leur capacité de nuisance sur l'esprit laïque, c'est à dire celui de la libre-pensée.
On aurait tort de croire que la laïcité est à l'abri de sa radicalité, car comme tous les systèmes de pensée, elle peut être perçue comme un idéal absolu qui en fait un substitut religieux sans Dieu. Sans Dieu? À voir, car remplacer Dieu par une “humanité” perçue comme tel ne serait que rajouter un anthropomorphisme à des anthropomorphismes plus anciens.
Cette réponse n'a pas vocation à être une agression à votre propos, mais à le nuancer, car la “laïcité institutionnalisée” est également une tentative «
à imposer partout une soumission culturelle, sociale et politique que vous estimer légitime de faire régner».
Le principe de réciprocité implique qu'un acte quelconque émis à l'égard d'un être humain
légitime d'office un retour du récepteur vers l'émetteur.
Le principe de causalité implique que le meilleur des actes est celui qui donne le meilleur résultat pour la moindre dépense d'énergie, car il faut considérer que pour n'importe quelle cause, il y a une part d'effets désirés et une part d'effets indésirés. Plus on dépense d'énergie et plus grand est l'enchaînement de cause à effets (le ricochet, par exemple).
La laïcité n'a d'avenir que dans la pacification et l'alliance philosophique paisible qu'elle propose aux êtres humains d'abord, et entre ceux-ci et le restant de l'univers, ensuite.
Bien à vous,
Abuzin, humaniste et libre-penseur