Je partage l'analyse de Pascale concernant la situation du PS en France, mais j'en rajouterais bien une couche :
Les éléphants du PS, puisque c'est ainsi que l'on surnomme ses dirigeants historiques, à l’instar de tous les hommes politiques français ont le sentiment d’être d’autant plus indispensable à leur pays qu’ils sont plus âgés.
Pourquoi je pense que contrairement au cochon, dans l’homo politicus français rien n’est bon, c’est-à-dire que du fait de la culture spécifique de nos hommes politique, la France n’est plus armée pour tirer son épingle du jeu dans un monde dont nous ne possédons plus les clés ?
La culture politique française en général ne prédispose pas à comprendre nos partenaires politiques européens et la culture politique de la gauche française la conduit à vouloir construire l’Europe sociale dont elle rêve sans même se soucier de savoir ce qu’en pensent les partis de gauche des autres pays.
Trois traits dominants peuvent caractériser le fond de commerce culturel des hommes politiques français, qu’ils soient de gauche comme de droite : une culture institutionnelle républicaine en décalage avec l’univers bruxellois ; une culture économique « illibérale » difficilement compatible avec le marché européen ; une culture internationale française mal à l’aise dans l’Union à 25.
Les hommes politiques français ne sont pas capables d’envisager une relation plus lucide entre la France et l’Union européenne, relation qui ne soit pas uniquement fondée sur un désir de projection qui ne peut nourrir aujourd’hui que frustrations et désillusions (c’est le cas en particulier de la partie du PS qui a voté non au référendum du 29 mai 2005 et qui rêve d’une Europe sociale à la française imposée aux autres pays par les penseurs de gauche français).
La culture institutionnelle jacobine implique une passion pour l’unité et l’indivisibilité de la nation.
Cette « passion pour l’unité » nourrit une réticence à l’égard du partage du pouvoir comme du compromis et ne facilite pas notre rapport à l’Europe.
La construction européenne se fonde sur le transfert de parts de souveraineté, de compétences, et par là sur un partage du pouvoir que les Français ont du mal à accepter.
De la gauche à la droite, la culture politique française est préoccupée par ces transferts de compétences ; là se situe le fond de sa résistance à la construction européenne ; pour un esprit formé par l’héritage républicain, tout transfert de fonctions de souveraineté à l’échelle supranationale est assimilé à une perte d’autonomie de la volonté politique nationale.
Les transferts de compétence semblent mettre en cause le cadre de l’État lui-même en opérant un partage et une division de la souveraineté.
Le malaise pour tous nos politiques c’est qu’il ne peut pas exister de souveraineté « une et indivisible » au sein de l’Union européenne, comme c’est supposé être le cas au niveau national. Celle-ci repose plutôt sur une combinaison de pouvoirs représentant les citoyens européens et les États, sur un réseau d’autorités multiples qui, par un jeu de « freins et de contrepoids », doivent s’équilibrer et in fine décider ensemble.
Quand j’observe le désintérêt militant de nos politiques de gauche comme de droite vis-à-vis de l’Europe j’en tire la conclusion que la France est dans l’incapacité de concevoir que des décisions publiques ne soient pas nécessairement le fruit d’un acte de volonté centralisée, mais plutôt le résultat de tractations et de négociations qui doivent aboutir à des compromis adoptés entre une diversité de partenaires.
Pascal Lamy l’a souligné récemment : « Le compromis ne fait pas partie des figures politiques admises en France.
De Gaulle, de ce point de vue, en a rajouté… La culture politique française est mal à l’aise avec l’idée de compromis, trop souvent connotée à la compromission ».
Cet autre trait culturel explique la difficulté française à admettre et à reconnaître la légitimité de la défense des intérêts particuliers : il pèse donc sur l’image de l’univers communautaire, qui accorde une large place au lobbying.
Cette représentation négative du compromis empêche, dans une certaine mesure, les Français de percevoir et d’accepter que les décisions européennes résultent nécessairement d’un accord entre acteurs ; et qu’un seul pays, aussi « grand » soit-il, ne peut imposer sa « vision » ou ses « vues » aux autres.
La culture du compromis est beaucoup moins ancrée en France que dans d’autres pays : en Angleterre, où elle est portée par une tradition philosophique pragmatique ; en Allemagne et dans d’autres pays fédéraux, où le partage du pouvoir est ancré dans les mentalités.
La difficulté française à admettre le partage du pouvoir, le compromis négocié ainsi que la difficulté à reconnaître la légitimité de la défense des intérêts particuliers sont des points évidemment cruciaux pour comprendre l’Europe et ce d’autant plus que celle-ci est composée de vingt-cinq pays.
Enfin, comme tout le monde à l'air d'admirer Arnaud de Montebourg, je dirai qu'il me fait furieusement penser à un jeune ingénieur que j'avais dans mon service et dont la mission était de surveiller les dérives du système qualité. Bernard, c'était son p'tit nom, avait un flair de chien de chasse pour pointer du doigt tout ce qui n'était pas conforme, tant à la lettre qu'à l'esprit du système qualité régissant, à l'instar d'une constitution, la vie de l'entreprise.
Je recevais tous les jours des brouettes de rapports de non-conformités mais le jeu devenait moins rigolo quand je voulais lui faire proposer des actions correctives tenant compte des contraintes dont nous ne pouvions pas nous affranchir, c'est un jeu qu'il refusait, l'art du compromis n'étant pas dans son acquis culturel.
C'est là que je retrouve le point commun avec nos penseurs de la gauche française qui ont de très bonnes idées mais qui ne sont pas culturellement capables de comprendre que la meilleure solution n'est pas forcément le résultat de l'idée la plus géniale mais le fruit du compromis le plus réaliste
Et enfin pour terminer, informations sur les hommes politiques en vue et sans doute candidats (sauf le p’tit jeune Arnaud) pour être calife à la place de Chirac à lire sur Wikipédia :
L’âge du capitaine au PS :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Lionel_Jospin 12 juillet 1937
http://fr.wikipedia.org/wiki/Jack_Lang 2 septembre 1939
http://fr.wikipedia.org/wiki/Laurent_Fabius 20 août 1946
http://fr.wikipedia.org/wiki/Dominique_Strauss-Kahn 25 avril 1949
http://fr.wikipedia.org/wiki/Segolene_Royal 22 septembre 1953
http://fr.wikipedia.org/wiki/Arnaud_Montebourg 30 octobre 1962
L’âge du capitaine à l’UMP :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Dominique_de_Villepin 14 novembre 1953
http://fr.wikipedia.org/wiki/Nicolas_Sarkozy 28 janvier 1955
Et maintenant l’âge du capitaine et les performances comparées pour nos principaux partenaires européens :
Allemagne 17 juillet 1954, 30 120 $ par habitant, 1,3 enfants par femme, 79 ans espérance de vie, consommation 127,7 millions de BTU par habitant.
Autriche 7 juin 1945, 32 300 $ par habitant, 1,4 enfants par femme, 79 ans espérance de vie, consommation 179,2 millions de BTU par habitant.
Belgique 11 avril 1953, 31 030 $ par habitant, 1,6 enfants par femme, 79 ans espérance de vie 259,8 millions de BTU par habitant.
Danemark 26 janvier 1953, 40 650 $ par habitant, 1,8 enfants par femme, 77 ans espérance de vie, consommation 165,4 millions de BTU par habitant.
Espagne 4 août 1960, 21 210 $ par habitant, 1,3 enfants par femme, 80 ans espérance de vie, consommation 150,3 millions de BTU par habitant.
Finlande 4 novembre 1955, 32 790 $ par habitant, 1,8 enfants par femme, 79 ans espérance de vie, consommation 234,0 millions de BTU par habitant.
France 29 novembre 1932, 30 090 $ par habitant, 1,9 enfants par femme, 80 ans espérance de vie, consommation 186,9 millions de BTU par habitant.
Hongrie 4 juin 1961, 8 270 $ par habitant, 1,3 enfants par femme, 73 ans espérance de vie, consommation 108,8 millions de BTU par habitant.
Irlande 12 septembre 1951, 34 280 $ par habitant, 2,0 enfants par femme, 78 ans espérance de vie, consommation 153,6 millions de BTU par habitant.
Italie 9 août 1939, 26 120 $ par habitant, 1,3 enfants par femme, 80 ans espérance de vie, consommation 138,7 millions de BTU par habitant.
Luxembourg 9 décembre 1954, 56 230 $ par habitant, 1,6 enfants par femme, 78 ans espérance de vie, consommation 396,6 millions de BTU par habitant.
Pologne 20 octobre 1959, 6 090 $ par habitant, 1,2 enfants par femme, 75 ans espérance de vie, consommation 94,5 millions de BTU par habitant.
Portugal 6 décembre 1957, 14 350 $ par habitant, 1,4 enfants par femme, 77 ans espérance de vie, consommation 111,0 millions de BTU par habitant.
Royaume-Uni 6 mai 1953, 33 940 $ par habitant, 1,7 enfants par femme, 78 ans espérance de vie, consommation 166,0 millions de BTU par habitant.
À suivre…