Vous aimez les langoustines vous ?
Si vous aimiez, je ne voudrais pas vous en dégoûter, mais la langoustine à la sauce mondialisation, ça ne me dit plus trop, lisez donc plutôt cette édifiante histoire de la mondialisation triomphante du peuple des langoustines.
Et pourtant, une poêlée de langoustines au whisky écossais c'est délicieux.
Depuis plus de 200 ans la société
Young’s Seafood pêche des langoustines en mer d’Écosse.
Une fois ramenées à terre, ces délicieuses créatures sont décortiquées à la machine dans deux usines du coin avant d’aller remplir les rayons des supermarchés britanniques.
CapVest, un fond d’investissement américain qui a racheté Young’s Seafood et possède aussi Findus et Iglo s’est mis en tête d’encore mieux rémunérer ses actionnaires et vient donc de décider que les langoustines écossaises seront désormais débarquées pour être congelées, puis réembarquées sur des portes conteneurs, direction la Thaïlande, où elles seront décortiquées à la main dans une usine locale de Findus avant de repartir vers l’Écosse pour y être cuites et vendues.
Cette nouvelle recette impose une escapade de neuf semaines avec plus de vingt-sept mille kilomètres aller-retour à parcourir. D’après les calculs des amis de la terre ce trajet représente un dégagement de 1,5 tonne de CO2 par tonne de langoustine ainsi transportée ce qui, pour 600 tonnes de crustacés transportés par an contribue au réchauffement climatique pour 900 tonnes de CO2.
Ajoutez-y 120 emplois supprimés en Écosse, remplacés par des ouvriers Thaïlandais payés 68 centimes d’euro de l’heure et considérez que le prix de vente de la langoustine est resté inchangé pour les consommateurs finals.
Ainsi va la philosophie libérale, et c’est encore plus difficile à avaler qu’une queue de langoustine.
Jemrobe.